Traitement des enfants associés aux groupes armés : Un protocole d’accord entre le Burkina et l’Unicef en cours d’élaboration

Publié le mardi 8 septembre 2020 à 16h42min

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Traitement des enfants associés aux groupes armés : Un protocole d’accord entre le Burkina et l’Unicef en cours d’élaboration

Il se tient, du 7 au 9 septembre à Koudougou, un atelier de cadrage du projet de protocole d’accord entre le gouvernement du Burkina Faso et le Système des Nations unies sur le traitement des enfants associés aux groupes armés. C’est le ministre de la Justice, Garde des sceaux, René Bagoro, qui a présidé l’ouverture des travaux, en présence du représentant résident de l’Unicef au Burkina Faso.

En 2015, le Burkina Faso enregistrait ses premiers attentats. Et depuis lors, ils ne cessent de se multiplier avec la particularité que de plus en plus des enfants y sont associés. Le traitement de ces derniers lorsqu’ils sont en contact avec le système judiciaire est assez complexe et requiert de la part des acteurs, des compétences spécifiques à même de leur permettre de les prendre en charge conformément aux engagements internationaux du Burkina Faso en la matière.

C’est pour trouver une solution au problème qui se pose que le ministère de la Justice, à travers la Direction générale de la justice pénale et du sceau, organise, du 7 au 9 septembre à Koudougou, un atelier de cadrage du projet de protocole d’accord entre le gouvernement du Burkina Faso et le Système des Nations unies sur le traitement des enfants associés aux groupes armés.

En rappel, l’Unicef et l’ONUDC, en vue de renforcer de façon durable les capacités des acteurs judiciaires ainsi que de ceux de la société civile sur le traitement des enfants associés, recrutés, et exploités par des groupes extrémistes violents et terroristes, ont apporté leur contribution technique et financière à l’Etat burkinabè en vue de l’organisation d’un atelier de réflexion sur la question en 2019.

Les participants ont trois jours pour trouver un terrain d’entente propice à la gestion des enfants impliqués dans les conflits armés

A cet atelier, il avait été recommandé l’élaboration d’un protocole d’accord entre le gouvernement du Burkina Faso et le Système des Nations unies sur la question du traitement des enfants rencontrés au cours de conflits armés au Burkina Faso. Avant la mise en route de ce protocole d’accord, il est apparu important de discuter de son contenu avec toutes les parties prenantes, d’où l’organisation de cet atelier de cadrage à Koudougou.

Un atelier dont l’objectif premier est de permettre à toutes les parties prenantes de mieux s’imprégner des enjeux du protocole d’accord et d’être au même niveau de compréhension quant à sa conformité avec la législation burkinabè. Aussi, il s’agira de façon particulière, durant les trois jours de concertation, de permettre à chaque participant de connaître les fondements juridiques des principes de Paris et la conformité du protocole d’accord avec le droit burkinabè applicable aux mineurs ; de permettre aux participants de chaque structure et institution de se prononcer sur le contenu du projet de protocole ; de permettre aux parties prenantes de comprendre le rôle du Système des Nations unies et celui de l’Etat burkinabè dans la mise en œuvre du protocole d’accord ; d’examiner ensemble les différentes activités susceptibles d’être prises en compte par le protocole ; de permettre aux participants de se prononcer de façon claire sur ce qu’ils ne souhaitent pas voir apparaître dans le protocole pour des raisons qu’ils exposeront ; et enfin de convenir ensemble de l’ossature et du contenu provisoire du projet protocole.

Tenir compte de l’intérêt supérieur des mineurs

Venus de différentes juridictions et de directions centrales, les participants devront se doter de compétences nouvelles pour la gestion des cas d’enfants mineurs en situation de conflits armés à travers le protocole d’accord.

A l’ouverture de l’atelier, le représentant résident de l’Unicef au Burkina Faso, Ibrahim Cissé, a dit toute sa satisfaction de voir cet atelier se tenir pour statuer clairement sur le traitement à réserver aux enfants impliqués le plus souvent de façon innocente dans les conflits armés. L’occasion sera donnée à chaque partie prenante, notamment l’Unicef, de donner sa position sur le traitement à réserver à ces enfants. Le patron de l’Unicef, au non du Système des Nations unies, a félicité et encouragé le gouvernement burkinabè à travers le ministère de la Justice qui a vu juste en mettant ce protocole d’accord en chantier.

Pour sa part, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Réné Bagoro, en ouvrant les travaux de l’atelier, a indiqué que la ratification par le Burkina Faso de la convention relative aux droits de l’enfant et de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant a marqué un tournant décisif en matière de protection judiciaire des enfants.

Le représentant résident de l’Unicef au Burkina, Ibrahim Cissé, a salué la clairvoyance du Burkina qui a accepté de réviser ses textes de lois pour tenir compte de la spécificité des enfants pris dans les conflits armés

Selon lui, plusieurs lois ont été adoptées afin de protéger les enfants mineurs en conflit avec la loi, le tout couronné par la nomination de juges des enfants dans tous les Tribunaux de grande instance du Burkina ainsi que l’adoption, dans les très prochains jours, du nouveau code de protection de l’enfant. Cependant, le ministre René Bagoro note que face au phénomène du terrorisme auquel le Burkina est confronté, et qui semble déjouer toutes les prévisions législatives et judiciaires de protection des enfants en l’état actuel, il y a un risque de voir les efforts en matière de protection de l’enfance s’estomper si rien n’est fait pour prendre en compte, sur les plans législatif, judiciaire et social, les enfants qui sont associés ou affectés par les groupes armés. C’est en cela que le gouvernement du Burkina Faso salue l’appui technique et financier de l’Unicef permettant de tenir cet atelier de cadrage dans le but de trouver une réponse appropriée aux enfants associés aux groupes armés.

Tout en invitant les participants à la plus grande sérénité dans les échanges, le ministre de la Justice les a invités à ne pas ignorer la complexité du problème car il est au carrefour de plusieurs préoccupations.

Raogo YAMEOGO
Lefaso.net

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