Utilisation d’intrants agricoles : Pour la santé de l’homme et la protection de l’environnement, YAMSYS forme à Léo

Publié le lundi 9 mai 2016 à 18h35min

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Utilisation d’intrants agricoles : Pour la santé de l’homme et la protection de l’environnement, YAMSYS forme à Léo

Les vendeurs d’intrants agricoles de la commune de Léo sont désormais instruits sur les bonnes pratiques en matière de conservation, d’utilisation des produits phytosanitaires et de l’environnement juridique qui encadre leur vente. A leur tour, ils pourront bien conseiller leurs clients, les producteurs, pour une utilisation rationnelle de ces produits chimiques dans le but de préserver la santé de l’homme, des plantes et de l’environnement en général. Une équipe de l’INERA a dispensé une formation en ce sens, le 7 mai dernier dans la commune de Léo. C’est une initiative qui s’inscrit dans le cadre du projet Igname, YAMSYS.

Ce sont les vendeurs d’intrants eux-mêmes qui ont demandé à être formés. Membres de la plateforme d’innovation sur l’igname mis en place par le projet « déterminants biophysiques institutionnels et économiques de l’utilisation durable des sols dans les systèmes de production d’igname pour l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest » (YAMSYS, en anglais), les vendeurs d’intrants agricoles de la commune de Léo, sont un maillon de la chaine du projet. De la maitrise de leur domaine, dépendra la réussite du projet.

Pendant une journée donc, les vendeurs ont été formés sur les bonnes pratiques qu’un vendeur doit avoir. Depuis l’importation du produit, jusqu’à sa vente, en passant par la conservation dans les boutiques.

Tout part du fournisseur, d’où la nécessité d’en avoir un qui soit crédible. Il faut avoir un bon fournisseur qui vend des produits homologués. Ceci pour fidéliser les clients, et pour éviter tout problème qui pourrait survenir, exposant ainsi le vendeur aux exigences de la loi. Pour Bassirou Sogo Sanon, chercheur à l’INERA et formateur, bien que commerçants, dont le but est de faire des profits, le rôle de vendeurs d’intrants agricoles doit leur être enseigné, au regard de la délicatesse des produits.

« Vous avez un rôle important pour éviter de mettre la vie des gens en danger et mettre l’environnement en péril », ont indiqué les formateurs. Pour eux, que ce soit des engrais ou des pesticides, les vendeurs doivent bien maitriser l’utilisation. « Les pesticides sont comme, des médicaments à la pharmacie. Chaque produit soigne un mal particulier. Et vous êtes comme des pharmaciens qui devrez conseiller les producteurs qui viennent acheter un produit pour aller soigner un mal » , leur ont-ils rappelé.

« Notre démarche, c’est de leur faire comprendre que les produits qu’ils vendent ne sont pas des produits anodins et qu’ils sont des relais, comme des pharmaciens qui doivent conseiller les producteurs sur l’utilisation, les dosages, pour protéger l’environnement et éviter de s’exposer avec ces produits dangereux » , a précisé Abidine Traoré, chercheur à l’INERA, collaborateur scientifique dans le cadre du projet YAMSYS, et formateur. Il précisera toutefois qu’un aspect particulier, spécifique est mis sur la production de l’igname, le traitement phytosanitaire de la culture de ce tubercule dont la promotion a donné lieu au projet YAMSYS.

Savoir déchiffrer un produit

« On a remarqué un engouement des participants. Ils sont intéressés par les aspects législatifs, l’utilisation des produits homologués. Cela montre que le message passe. On a aussi vu les problèmes qu’ils rencontrent dans la conduite de leurs activités pour les conseils des agriculteurs », a résumé Abidine Traoré.

Les difficultés tiennent au fait que les vendeurs, pour la majorité ne savent pas lire et écrire. Alors que le mode d’emploi de chaque produit est bien inscrit sur l’emballage qui le contient. Là, les formateurs ont trouvé une parade, savoir déchiffrer les messages à travers les codes. « Nous avons insisté sur les pictogrammes, les images sur les produits qui permettent de déchiffrer » a expliqué le formateur.

Formés pour être à leur tour des conseillers, les vendeurs d’intrants ont apprécié cette initiative du projet qui selon eux était impérieuse. « Nous vendions les intrants à notre manière, sans précaution, mais nous savons maintenant comment nous y prendre pour préserver notre santé dans les boutiques de stockage. Nous pouvons également conseiller nos clients. Avant nous nous débrouillons pour leur expliquer, mais à partir de maintenant nous savons ce qu’il fait faire et ce qu’il ne faut pas faire », a indiqué Séni Guibleweogo, vendeur d’intrants à Léo.

Son collègue Boureima Compaoré ne dira pas non plus le contraire. Il a salué la tenue de la formation qui leur a permis de connaitre d’avantage l’utilisation des produits homologués, les insignes qui permettent de décoder les messages. « Souvent nous travaillions sans connaissance de certaines choses. Nous pouvons maintenant changer les mauvaises habitudes pour notre propres santé, celle des utilisateurs et pour la protection de l’environnement. Nous allons aussi conseiller des vendeurs d’intrants qui ne sont pas présents à la formation ».

Pour les vendeurs, la zone de Léo est réputée être celle de l’igname par excellence. « Sur 10 de nos clients, ceux qui ne cultivent pas l’igname ne dépassent pas 2 personne » et les vendeurs entendent jouer leur partition pour conforter cette position de Léo dans la culture du tubercule », a rassuré Séni Guibleweogo .


La longue mais nécessaire marche vers les agréments

Les formateurs ont insisté sur la nécessité d’avoir un agrément qui autorise la vente des intrants. Chose normale pour Boureima Compaoré pour qui sa société qui commercialise les produits phytosanitaires depuis longtemps est en règle vis-à-vis de la loi. « Nous demandons à ceux qui n’en ont pas de tout faire pour l’avoir. Il faut aussi que le gouvernement fasse des contrôles en ville.Il ya des gens qui vendent du riz, de l’huile et à côté des intrants agricole alors que cela est interdit »

Pour Séni Guibleweogo qui vend sans agréments, ce n’est pas sans avoir essayé. Pour lui, la démarche pour l’obtenir est longue et fastidieuse. « Ce n’est pas facile, souvent nous entamons les démarches, mais au regard de la lourdeur de la procédure, nous abandonnons en chemin ». Le vendeur qui confesse que beaucoup sont dans sa situation de ‘’hors-la-loi’’, a saisi l’occasion pour demander à l’Etat de les accompagner dans l’acquisition des agréments.

Impact à vérifier sur le terrain

En rappel, le projet « déterminants biophysiques institutionnels et économiques de l’utilisation durable des sols dans les systèmes de production d’igname pour l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest » (YAMSYS, en anglais) est mis en œuvre au Burkina et en Côte d’Ivoire. Au Burkina, le projet intervient à Léo et dans le village Midebdo dans la province du Noumbiel.
Le projet a pour ambition de développer et promouvoir la culture de l’igname et de faire face aux nombreux problèmes qui minent le secteur, entrainant les baisses de rendements. « Nous cherchons à identifier les difficultés et à trouver des solutions de façon concertée avec les producteurs », a noté Abidine Traoré pour qui, c’est dans ce cadre qu’une plateforme d’innovation a été mise en place. Ceci pour permettre aux différents acteurs de la chaine de l’igname, vendeurs d’intrants, producteurs, transformatrices…, de se retrouver pour discuter des problèmes.

Après la formation des vendeurs d’intrants, les responsables évalueront l’impact auprès des producteurs, bénéficiaires aussi de la formation, même absents.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
Lefaso.net

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