Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

Publié le mercredi 9 mars 2022 à 12h11min

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Centre-ouest : Les contrôleurs du travail font immersion dans les maquis et bars de Koudougou

A Koudougou comme partout au Burkina Faso, les maquis, bars et boîtes de nuit poussent comme des champignons. Cependant, rares sont ceux qui prennent en compte les conditions de travail et de sécurité sociale de leurs employés. Pour y remédier, la direction régionale du travail et de la protection sociale du Centre-ouest, dans sa mission de contrôle et de veille à la bonne application du droit du travail, a initié durant la semaine du 22 au 25 février 2022, des visites de contrôle dans les maquis et bars de la ville de Koudougou pour faire le constat et sensibiliser les tenanciers sur la protection sociale des travailleurs, l’hygiène publique et les conditions générales de travail.

C’est autour de 20h, le mardi 22 février 2022, que l’équipe de l’inspection du travail, pilotée par le directeur régional du travail et de la protection sociale du Centre-ouest, Jude Ouédraogo, a débuté sa mission de contrôle. Selon le directeur, la mission première de cette inspection est de contrôler les entreprises afin de constater les conditions de travail au sein des structures qui relèvent de son ressort parce que les débits de boisson échappent à ce contrôle du fait de leur statut particulier.

C’est donc dans cette optique que la direction régionale en charge du travail a initié ces visites inopinées pour un échange avec les responsables de ces structures sur la protection sociale des travailleurs, l’hygiène publique et les conditions générales de travail. Durant quatre jours, la cible des agents de contrôle a concerné sept maquis de la ville de Koudougou (le Royaume des stars+, la Paillote +, le Repère, le Nid d’or, Champion’s League, Miami VIP).

Un constat amer

l’équipe du contrôle en entretien avec Richard Dao, représentant de l’employeur du Royaume des stars et ses collègues

Le Bar " Royaume des stars +" est la première structure à passer "sous le scanner" de l’équipe de contrôle. Composé de trois compartiments, notamment le maquis, la boîte de nuit et une cave à vin, ce complexe de près de 70 employés accueille les inspecteurs sous une ambiance de coutume. Sur les lieux, on pouvait voir les clients venus se divertir et étancher leur soif, avec en fond sonore de la musique qui pouvait s’entendre à près d’un kilomètre.

Un entretien avec le gérant, représentant le propriétaire, un autre avec les travailleurs, et enfin une visite du site composaient l’essentiel de cette inspection. Le scénario fut le même pour les six autres structures durant les différentes immersions. Après ces étapes, le constat fait est jugé amer dans la plupart des maquis. Aucune couverture sociale constatée, des conditions d’hygiène déplorables, et une insuffisance dans la couverture sécuritaire et sanitaire des employés.

l’équipe procédant à l’inspection des lieux pour apprécier l’hygiène et la sécurité

Toutes ces irrégularités laissent croire à un délaissement de ce secteur qui est pourtant un secteur comme tout autre. Aux dires du directeur régional chargé du travail, ces reproches pourraient être bénéfiques pour tous si elles étaient remplies. « Selon la loi, dès lors qu’on emploie un travailleur, l’employeur a huit jours pour déclarer celui-ci à la CNSS. Cette affiliation offre des avantages notamment en ce qui concerne la branche des risques professionnels relatifs aux accidents de travail et maladies professionnelles », explique Jude Ouédraogo.

Aussi, il évoque l’affiliation à l’OST qui permettra au travailleur de bénéficier de certains avantages dont les visites médicales. Pour lui, la santé publique ne concerne pas uniquement les travailleurs mais aussi les clients afin d’éviter certaines maladies comme l’hépatite.

Jude Ouédraogo, directeur régional du travail et de la protection sociale du Centre-ouest : « Ce sont des insuffisances, et nous les avons sensibilisés sur le bien-fondé de ces aspects ».

Les gérants, conscients des irrégularités constatées par les inspecteurs, promettent une amélioration dans de brefs délais. « Nous apprécions positivement cette visite et nous allons prendre des mesures afin de corriger ces irrégularités avant la prochaine visite », promet Richard Dao, gérant du "Royaume des stars". Même discours pour les autres promoteurs des maquis et bars ayant reçu la visite.

Pour Dieudonné Yaméogo, promoteur du bar Miami VIP, c’est une appréciation positive qu’il fait concernant cette visite. Car dit-il, « cela y va de l’intérêt de tout le monde. Parce qu’un employé qui est épanoui et qui travaille bien c’est pour le bien de tous, mais lorsqu’il n’est pas dans de bonnes conditions personne ne gagne donc pour moi c’est une visite que nous apprécions positivement ».

295 travailleurs non déclarés à la CNSS

A l’issue de la mission de contrôle, c’est un bilan plus ou moins satisfaisant selon le directeur régional Jude Ouédraogo car selon lui, il fallait cette mission. « Le constat est là et il est amer. Nous avons pu visiter 7 maquis et nous avons pu constater qu’il y a près de 295 travailleurs qui ne bénéficient pas de la protection sociale ». Aussi, il relève d’autres infractions marquantes qui ont été constatées.

l’équipe de Koudougou engagée pour la sécurité sociale de l’employé

Il s’agit entre autres de la non affiliation des travailleurs à l’Office de santé des travailleurs, les conditions d’hygiène déplorables, l’absence de règlement intérieur, le manque d’extincteurs pour certaines structures, le non-respect de la durée légale de travail, du repos hebdomadaire et du congé annuel. Cependant, il reconnaît que des points positifs sont à mettre à l’actif de certains maquis et bars.

Concernant les mesures à prendre, M. Ouédraogo rassure que des notifications de mise en demeure seront transmises aux différents employeurs pour d’éventuelles corrections. A l’en croire, d’autres sorties de contre-visite seront effectuées pour constater les améliorations. Concernant la protection sociale qui constitue l’objet de leur sortie, il précise qu’une liste des travailleurs non déclarés sera transmise à la CNSS pour leur permettre de procéder à leur déclaration.

« La protection de la santé et de la sécurité des travailleurs nous incombe, d’où l’objet de notre sortie », conclut-il tout en invitant les promoteurs à prendre en compte les conseils qu’ils ont reçus lors des visites afin de préserver la santé et la sécurité de leurs travailleurs et de tous ceux qui fréquentent ces lieux. Pour les sanctions, il relève qu’il y a les sanctions pécuniaires qui vont de 5000 à 50 000 FCFA et les procès-verbaux d’infractions qui relèvent de la justice.

Prince Omar
Le Faso.net

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