Boycott de la journée continue au Centre-ouest : Quand les gouvernements refusent d’être conséquents, les citoyens s’assument !

Publié le lundi 3 avril 2017 à 22h57min

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Boycott de la journée continue au Centre-ouest : Quand les gouvernements refusent  d’être conséquents, les citoyens s’assument !

Quand les gouvernements refusent d’être des éclairés et, partant, éclaireurs de leur société, surtout sur des questions cruciales qui engagent la vie, c’est en toute légitimité que les concitoyens s’assument. Et c’est dans ce réflexe que viennent de s’inscrire les sections régionales du Centre-ouest de syndicats de l’éducation, F-SYNTER, SATEB, SNEA-B, SYNATEB, par une déclaration conjointe en date du 27 mars 2017.

Par cet acte, ces organisations ont décidé de s’assumer, emportant avec leur acte, le sentiment de nombreux Burkinabè, frappés de plein fouet par ce système. Que l’on ait la volonté d’instaurer une telle journée est compréhensible, en ce sens que l’objectif recherché, c‘est avant tout, l’efficacité de l’administration, l’allègement des souffrances des travailleurs, le dynamisme socio-économique. Mais, la dynamique voudrait qu’une mesure de telle envergure, s’accompagne d’un réel suivi-évaluation au bout d’une année d’application. Les conséquences de ce système ne sont-elles pas importantes que les difficultés qu’il est supposé résoudre ? Il y a, visiblement, beaucoup à dire sur ce système (surtout dans certains secteurs spécifiques).

Si fait que l’application de la journée continue ressemble à un mimétisme ; on prend les exemples d’ailleurs mais sans vraiment maîtriser tous les contours et l’ensemble du processus qui en ont abouti. Une telle mesure, pour être efficace, doit être un tout. C’est-à-dire mettre en place des dispositions de sa propre fluidité. Mais au Burkina, on s’est contenté de basculer dans une mesure, comme un chevet dans une soupe (la réaction qu’elle a suscitée au sein de certaines entités nationales en est la preuve). Une année apparaissait largement suffisante pour évaluer le système et tirer les conséquences pour toute suite à donner. Certains poids de ce système semblent bien perceptibles (multiplication des poches de dépenses au sein de la cellule familiale, endettement de nombreux agents pour supporter certaines charges indirectes engendrées par la mesure, manque d’accompagnements dans les administrations ; manque d’espace de restauration, absence de toilettes suffisantes, manque d’eau, etc.).

Quoi qu’on puisse taxer ces syndicats, leur acte relève simplement d’un instinct de survie et de ce qu’ils ressentent en tant qu’éducateurs, au contact quotidien avec les enfants. On gagnerait donc à attaquer le mal par la cause plutôt que de s’en prendre à ses conséquences. Et le manque de suivi sérieux de ce système montre, une fois de plus, que ce pays-là a toujours brillé par l’absence de suite et de conséquences dans ses actions. On assiste à une sorte de cafouillage total sur bien de questions vitales pour le pays. Souvent, par fol orgueil et par égoïsme, on tombe dans des décisions sans même se soucier de la répercussion sur la grande masse de la population. Des schémas qui neutralisent et annihilent tout résultat projeté. Et quand tout se bloque, le scénario est connu : on met en place une structure (ou on prend une décision), qui va finir, elle-même, par être un problème de plus, une difficulté supplémentaire. On s’en fout ! Voilà !

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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