Koudougou : la cité du cavalier rouge ou la ville rebelle

Publié le vendredi 9 janvier 2015 à 23h58min

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Koudougou : la cité du cavalier rouge ou la ville rebelle

Koudougou ou la cité du cavalier rouge est également surnommée « la ville rebelle » du Burkina Faso. Quelle a été son histoire, son évolution administrative de 1914 à nos jours ?

Situé à 98 km à l’ouest de la capitale du Burkina Faso, Koudougou a une superficie d’environ 580 km2 avec une population de 91 981 habitants. La ville compte 10 secteurs et son fonctionnement est lié aux vicissitudes politiques et organisationnelles de l’administration du territoire au Burkina Faso. Elle a pour emblème le baobab et sa démographie et son développement socio-économique et politique la place troisième ville du Burkina après Ouagadougou et Bobo.

Histoire

Créée au XIIIe siècle, période de la création du commandement de lallé, son histoire serait liée à celle de deux chasseurs. Bassanga originaire de Piella, un village de la Sissili, serait arrivé par le sud à la suite d’une dispute avec son frère aîné qui lui reprochait d’avoir volé sa poule. C’est en suivant un iguane que Bassanga et sa famille auraient découvert une mare où ils purent se désaltérer. L’animal qui les guida devint par la suite le totem de ses descendants. C’est à l’emplacement actuel de la Direction provinciale de l’environnement et du tourisme que Bassanga et ses proches se seraient installés et c’est là qu’il mourut et fut enterré.
Un jour, il partit à la chasse et découvrit une autre hutte. Un autre chasseur s’était installé dans les environs. Ce chasseur était originaire de Guimba et serait venu par le nord. Après les salutations d’usage, les deux hommes commencèrent à se quereller pour savoir qui des deux avait été le premier occupant des lieux. Afin de se départager, ils décidèrent d’examiner les toitures de leurs huttes respectives. Après examen, la hutte de Bassanga s’avéra être la plus vieille et il était donc le premier occupant des lieux. L’autre chasseur accepta et parti s’installer à Goaghin qui deviendra plus tard le quartier Dapoya lors de l’expansion de la ville. Les descendants du chasseur malheureux occupent toujours le quartier Dapoya (qui signifie « derrière la cour »), actuel secteur 1 et ils portent le patronyme Zongo et ont pour totem le serpent noir.

Les descendants de Bassanga portent le patronyme Yaméogo qui serait une déformation de « yam wéogo » qui signifie « occupant de la brousse ». Ils auraient quitté le site d’accueil après sa mort pour s’installer un peu à l’ouest formant ainsi l’actuel quartier Issouka (« la concession au milieu » en mooré sous la forme contractée), actuel secteur 6. Les Yaméogo de Issouka seraient donc des gourousi car leur ancêtre Bassanga était Gourounsi.
Une autre version raconte que la ville fut fondée par Tégsoba Toogré, originaire de Dapelgo de l’Oubritenga. Il aurait quitté sa région originelle à la suite d’histoires de succession. Arrivé sur place, il rencontra un vieil homme qui avait été abandonné là par ses frères. Le vieil homme offrit l’hospitalité à Tégsoba. Quelque temps plus tard, les frères du vieil homme, revenus à de meilleurs sentiments, passèrent le chercher. Mais le vieux refusa de les suivre leur disant qu’il était désormais installé dans "l’ancien endroit" (kugdo en mooré). L’expression resta et devint le nom de la localité.

Evolution administrative

Le cercle de Koudougou fut créé le 31 décembre 1912. Il regroupait à sa création deux subdivisions à savoir Koudougou et Yako qui comprenaient 26 cantons. Après la dislocation de la colonie de la Haute Volta en 1932, le cercle de Koudougou devient l’un des plus vastes avec le rattachement des subdivisions de Boromo et de Dédougou. Ainsi, le cercle comptait quatre subdivisions et fut rattaché à la Cote d’Ivoire. Après la reconstitution de la Haute Volta en 1947, un nouveau type d’organisation des territoires s’impose. De ce fait les anciens cercles sont supprimés et les anciennes subdivisions sont érigées en cercles, les cantons en subdivisions, certains villages en cantons et de nouveaux villages sont créés. Les quatre cercles de Koudougou deviennent alors indépendants de celui de Koudougou.
La ville de Koudougou fut érigée en commune de moyen exercice en 1959 et connaitra un développement important avec l’accession de Maurice Yaméogo au pouvoir comme président de la république de la Haute Volta. Dès lors, elle connaitra un développement important avec l’installation des unités industrielles notamment l’ex FASO FANI à partir de 1970 pour la transformation du coton. Aujourd’hui, elle est la troisième ville du Burkina Faso en considération à sa démographie et de ses fonctions administratives.

En ce qui concerne l’évolution politique, il faut noter que depuis l’érection en commune urbaine le 5 août 1959, l’administration municipale essaie tant bien que mal d’assumer sa mission. Ainsi, après 50 ans de communautarisation il y a eu au total cinq mandatures du conseil municipal à Koudougou. La première mandature fut de 1959 à 1966 avec monsieur Denis Yaméogo comme maire. La deuxième de 1995 à 2000 avec monsieur Emmanuel Zoma, la troisième de 2000 à 2006 avec monsieur Marcellin Yaméogo qui pilota jusqu’en 2004 puis céda sa place à madame Yaméogo/ Kabore K. Jeannette, la quatrième de 2006 à 2012 avec Seydou K. Zagré et la cinquième de 2012 à 2014 avec Jérome Zoma.
Elle possède sur le plan de l’éducation 12 centres d’éveil et d’éducation, 111 écoles primaires, 35 établissements d’enseignement secondaire général et technique, 1 université et 5 instituts supérieurs.

Sur le plan culturel, la ville possède un espace culturel dénommé le Théâtre populaire de Koudougou (le TP), où se déroulent les grands évènements culturels de la ville. Ainsi, chaque année se tient le festival culturel baptisé les « Nuits atypiques de Koudougou », où se mêlent concerts et débats autour des enjeux environnementaux ou citoyens. Cet évènement à lieu généralement entre la dernière semaine de novembre et la première semaine de décembre. Malheureusement, il n’a pu pas avoir lieu cette année compte tenu des évènements que notre pays a connus et aussi à cause de la maladie à virus Ebola qui sévit actuellement.
Depuis 2009 a lieu également au mois d’octobre le festival de l’humour et du rire appelé Festirire.

Sur le plan sportif, la ville possède quelques clubs de football, l’Association des Jeunes Sportifs de Koudougou (AJSK), l’Association des Employés de Commerce de Koudougou (ASEC-K), le Bouloumpoukou FC (BPFC), le Bouloumpoukou Stade (BPS), l’Association des jeunes footballeurs (AJF), le Jeunesse Club Boulkiemdé.
Sur le plan sanitaire la ville dispose de son propre centre hospitalier régional (CHR), l’hôpital de l’"Amitié". Celui-ci fonctionne en coopération avec Taïwan qui a installé une mission médicale attenante à l’hôpital et qui fournit à l’hôpital des médecins bénévoles. La ville possède également 2 centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA), 122 Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) ,11 dispensaires, 14 formations sanitaires privées, 3 formations sanitaires confessionnelles. On y trouve en plus, à la sortie de la ville sur la N14, le centre Oasis qui possède ses propres blocs opératoires et salles de consultations.

Kaboré S. Rosine (stagiaire)
Lefaso.net

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