Effondrement d’un chantier à l’UNZ : le ministre Alkassoum Maïga sur les lieux, les étudiants inconsolables

Publié le jeudi 2 septembre 2021 à 15h40min

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Effondrement d’un chantier à l’UNZ : le ministre Alkassoum Maïga sur les lieux, les étudiants inconsolables

Après l’effondrement de la dalle d’un immeuble en construction qui a causé la mort de quatre personnes le mardi 31 août 2021 à l’Université Norbert Zongo de Koudougou, le ministre en charge de l’enseignement supérieur, Alkassoum Maïga, accompagné d’une forte délégation, s’est rendu sur les lieux ce mercredi 1er septembre 2021 pour faire le constat et s’indigner face à la disparition tragique de trois étudiants et de l’ouvrier béninois. Six personnes auraient été interpellées et placées en garde-à-vue après cette tragédie.

« C’est avec beaucoup de tristesse qu’hier, en fin de matinée, nous avons eu l’information qu’une dalle s’était écroulée et qu’il y avait des travailleurs qui étaient piégés sous les décombres. Nous avons gardé l’espoir, pensant qu’on allait sortir tout le monde vivant de ces décombres. Une première personne a été sauvée et nous espérions pouvoir sauver tout le monde. Mais au fil du temps, la désolation s’est installée parce que nous avons appris par la suite que y avait quatre corps qui ont été retrouvés sans vie », a laissé entendre le ministre.

Un bilan très lourd, selon le Pr Maïga, car pour lui, ce chantier devait servir aux étudiants pour leur formation, leur hébergement et leur distractions et non pour ôter la vie de trois étudiants en stage et qui espéraient sortir avec des qualifications.
Le ministre affirme avoir effectué avec sa délégation le tour des trois familles qui sont sur place pour traduire toute leur compassion.

« Je voulais en profiter remercier ces familles qui ont accepté de nous recevoir et saluer leur dignité. Je voudrais aussi leur dire toute la compassion de la nation, du gouvernement et tous ceux qui travaillent dans le cadre de ce projet. Nous souhaitons que leurs âmes puissent reposer en paix et que le Tout-puissant puisse les accueillir dans son royaume. Je souhaite un prompt rétablissement au blessé »

Multiples contrôles

La délégation ministérielle en visite sur le chantier effondré.

Il a par ailleurs assuré que c’est un chantier qui n’a pas été pris à la légère car issu d’un important financement de pays arabes. L’une des exigences de ces pays était qu’une de leurs sociétés soit associée à l’entreprise burkinabè sélectionnée pour les travaux de construction. « C’est un groupement d’entreprises qui travaille dans ce chantier. L’entreprise burkinabè Suzy construction et une entreprise saoudienne, ont donc été les deux attributaires de ce marché. En plus des entreprises, le ministère s’est donné les moyens pour suivre la qualité des travaux. Nous avons déjà le projet cités universitaires qui suit les travaux et qui fait des réunions régulièrement avec l’ensemble des travailleurs et qui a aussi ses propres spécialistes dans le domaine. »

M. Maïga ajoute qu’ils se sont attaché l’expertise de grandes structures comme SATA Afrique, le bureau VERITAS, etc. pour le contrôle technique et le contrôle qualité. Il relève, de ce fait, que le ministère, à travers le projet cités universitaires, a également contracté une assurance tous risques avec une société de la place pour tout ce qui adviendrait sur ce chantier.
Cependant, il indique qu’une cellule de crise été mise en place pour déterminer les causes de ce drame et situer toutes les responsabilités.

Ne pas remuer le couteau dans la plaie

Pr Alkassoum Maïga : "Nous engagerons toutes les responsabilités qui sont les nôtres afin que ceux avec qui nous sommes entrés en contrat puissent nous fournir les éléments d’appréciation"

En attendant, le ministre Maïga a instruit toutes les structures impliquées dans l’exécution du contrat, à savoir l’entreprise SUZY CONSTRUCTION (maitre d’œuvre), SATA Afrique, (bureau de contrôle technique), le bureau VERITAS (contrôle qualité matériaux) et le LNBTP, à prendre toutes les mesures nécessaires pour établir les circonstances exactes qui ont abouti à cette situation regrettable.

« Nous engagerons toutes les responsabilités qui sont les nôtres afin que ceux avec qui nous sommes entrés en contrat puissent nous fournir les éléments d’appréciation afin que nous puissions engager une inspection supplémentaire qui puisse nous permettre de détecter les failles éventuelles. Il faut que la vérité soit faite et que les différents éclairages soient faits autour de ce qui s’est passé hier en fin de matinée », a-t-il déclaré.

Dr Doua Allain Ganbahou, directeur de l’IUT

Avant d’inviter les uns et les autres à ne pas remuer le couteau dans la plaie car, dit-il, « aujourd’hui, le plus important, c’est que nous devons nous rendre compte qu’il y a des failles certainement, et que des familles sont éplorées. De par notre comportement, nous ne devons pas remuer le couteau dans la plaie pour perturber encore plus ces familles. C’est un devoir de responsabilité et de solidarité que nous devons afficher. »

Selon un communiqué du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Koudougou datant du 1er septembre, six personnes ont été interpellées et placées en garde-à-vue après cette tragédie.

Il faut noter qu’en plus des trois étudiants décédés, ils étaient nombreux à faire leur stage sur le dit chantier. Dr Doua Allain Ganbahou, directeur de l’IUT, n’a pas manqué également de saluer la mémoire des trois étudiants de son établissement. « Sur le chantier, nous avons 21 étudiants à la recherche du DUT, puisque dans le cadre de l’obtention de leurs diplômes, ils doivent faire un stage pratique de trois mois. Nous écrivons donc aux différentes entreprises pour leur demander de les recevoir. Et pour le cas qui nous concerne ici, ils sont trois étudiants stagiaires de la filière génie civil de l’Institut universitaire de technologie », a-t-il fait savoir.

Situer les responsabilités

Abdoul Aziz Zongo, étudiant en SEG, délégué général des étudiants.

Ce sont des étudiants presque inconsolables qui ne cessent de pleurer leurs camarades mais également qui réclament la lumière sur le drame.
« C’est avec une grande consternation que nous avons appris la disparition de nos camarades. Et sincèrement, pour moi, il faut situer les responsabilités parce que ce n’est pas la première fois qu’on voit ce genre de faits au Burkina Faso », dira Abdoul Aziz Zongo, délégué général des étudiants. Selon lui, rien ne sert de constater et de dénoncer sans sanctionner parce que la situation va toujours se reproduire.

Même son de cloche chez Justin Nebié, étudiant à l’UFR/ST et représentant des étudiants sur le plan social. Il interpelle l’autorité pour que cet incident ne reste pas sous silence. Car, pour eux, chaque acteur de la chaîne devrait répondre. « Nous estimons qu’un bâtiment qui répond aux normes ne peut pas s’écrouler de cette façon. Combien d’étudiants sont morts, combien de familles ont été endeuillées ? Voilà pourquoi nous demandons que les responsabilités soient situées et qu’on puisse sanctionner ceux qui méritent d’être sanctionnés parce que nous, en tant qu’étudiants, nous ne pouvons pas l’admettre. »

Justin Nebié, étudiant à l’UFR/ST, représentant des étudiants sur le plan social.

Aux dernières nouvelles, l’inhumation des étudiants Mounira Adjaratou Nana et Serge Alexandre Kaboré a eu lieu dans la nuit du mercredi 1er septembre respectivement dans les cimetières du petit Moukassa, et celui sur la route de Réo. Le troisième, Baba Ibrahim Compaoré, sera lui inhumé dans le jeudi 2 septembre au cimetière de Zaka.

La quatrième victime de nationalité béninoise, Ivon Agbo, était manœuvre et employé de l’entreprise chargée des travaux de construction. Selon des sources proches, sa famille serait en route du Bénin pour le Burkina et son inhumation serait prévue pour le samedi à Koudougou.

Prince Omar
Lefaso.net

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